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S’autoriser les sentiments interdits

Parfois, les personnes sont bloquées dans leur évolution car elles ne s’autorisent pas à reconnaitre les sentiments interdits par leur éducation.

La colère interdite

C’est l’histoire d’une femme qui a passé 16 ans de sa vie à s’occuper d’un homme handicapé. Toutes ces années, elle n’a pas vraiment eu de temps pour elle, consacrant toutes ses heures d’éveil à prendre soin de lui.

Lui était tombé amoureux d’elle, et lui a proposé plusieurs fois le mariage pour la protéger. Mais elle, si elle l’aimait avec tendresse et qu’il était le sens qu’elle donnait à son existence, n’était pas amoureuse et refusait.

Finalement, cet homme a organisé son décès sans la prévenir, peut-être de crainte qu’elle l’en n’empêche, peut-être pour d’autres raisons qui lui appartiennent. Elle fût mise devant le fait accompli.

Je l’ai rencontrée 4 ans après, elle avait déménagé et réussi à rebondir et à se créer une nouvelle vie. Nous avons discuté longuement de son histoire, elle a exprimé sa colère, sa colère contre elle-même. Puis nous avons encore discuté longuement, et elle a finalement exprimé sa colère contre lui et les raisons de celle-ci.

Communément, j’aurais pu écrire « avoué » sa colère contre lui, mais cela signifierait que son sentiment est interdit ! A-t-on le droit d’être en colère contre un handicapé, ou une personne tellement dénuée d’espoir qu’elle se suicide ?

Et surtout, quelles sont les conséquences pour soi-même, de nier ces sentiments supposément réprouvés ?

Reconnaître ces sentiments est, bien souvent, la porte qui mène au pardon et à la paix.

La colère, c’est lorsque quelqu’un empiète dans votre territoire. Dans son cas, cet homme avait empiété dans le sens où il lui avait enlevé le pouvoir de décision sur sa vie à elle. Sa responsabilité à elle, c’est de lui avoir donné ce pouvoir en premier lieu. Et sa colère contre elle-même, c’était d’être en colère contre lui, et d’être ainsi en contradiction avec ses valeurs.

sentiments interdits

Autres cas de figure où les personnes sont bloquées car elles s’interdisent de reconnaître leurs sentiments :

Exemple 1 : la juste injustice

Les personnes qui ont eu un frère ou une sœur malade qui a absorbé toute l’attention des parents et dont ils ont dû prendre soin. Elles peuvent alors une fois adultes prendre le rôle de :

Sauveur : je n’ai de valeur que si j’aide les autres

Victime : le seul moyen d’être aimé est de montrer que l’on souffre

Persécuteur : puisque je ne peux exprimer ma colère (ou autre sentiment « vil ») envers mon frère ou ma sœur, je la transforme pour l’exprimer différemment envers d’autres personnes

« Je ne suis pas responsable de l’éducation que j’ai reçue, mais je suis responsable de ce que j’en fais. »

Exemple 2 : la joie interdite

Une personne endeuillée de la perte de son ou sa partenaire ou de son enfant, qui bien longtemps après la durée normale d’un deuil, s’interdit de montrer de la joie.

En effet, que penseront les autres de moi s’ils constatent que je profite de la vie alors que le malheur a frappé mes proches ? Et moi, qu’est-ce que je penserais de moi ? Mieux vaut éviter la culpabilité et rester malheureux(se)…

Paradoxalement, on va admirer le courage et la force d’une personne active et joviale qui a subi une telle perte…

Méthode pour apprendre d’un interdit

Si vous critiquez ou reprochez quelque chose à quelqu’un ou à vous-même, demandez-vous :

  • Quelle est la règle qui est enfreinte ?
  • À quelles valeurs correspond-elle ?
  • D’où vient cette règle : ma société, ma famille ?
  • Qui d’autre reconnaît cette règle et ces valeurs ? Qui n’a pas ces valeurs ? Qui a ces valeurs mais ne les traduit pas par la même règle ?
  • Par quel comportement, moi-même, j’enfreins ces valeurs ?

Décidez ensuite si vous choisissez de faire de cette règle une éthique intérieure sans l’imposer aux autres, ou d’abandonner ou de transformer cette règle pour vous-même.

S’autoriser à reconnaître ses sentiments interdits permet de développer son authenticité et sa bienveillance, c’est un pas de plus sur le chemin de l’épanouissement.

A propos de l’accompagnement en coaching de vie

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